CONGRÈS 2000 DE LA FMC À SPRINGFIELD
 
  Thomas Rees Memorial Carillon  

SPRINGFIELD - Du 2 au 7 juillet 2000 le Congrès biennal de la Fédération Mondiale du Carillon s'est déroulé à Springfield, dans l'Illinois (USA). Il s'agissait du deuxième congrès organisé en Amérique du Nord, après celui d' Ann Arbor (dans l'état du Michigan) en 1986. Le carillonneur de Springfield, Karel Keldermans, ainsi que son épouse Linda avaient, en collaboration avec la guilde d'accueil, the Guild of Carillonneurs in North America, composé un programme riche et varié. Toutes les activités du congrès, qui a attiré près de 200 personnes, ont bénéficié d'une attention particulière.

Adolph Rots   ________________________________________________

Trois ingrédients composent généralement les congrès de la FMC: tout d'abord les assemblées et conférences, ensuite les récitals de carillon et enfin les autres activités, plutôt d'un charactère récréatif où l'on peut apprécier la rencontre d'anciens et nouveaux collègues ainsi que les charmes de la ville d'accueil. Dans ce compte rendu, je voudrais mettre en évidence particulièrement quelques-uns de ces ingrédients; les choix et les commentaires étant tout à fait personnels.

HILTON
La plupart des réunions se déroulaient à l'hôtel Hilton, une tour ronde d'environ 30 étages, qui domine la vue sur Springfield. En dehors des réunions générales, présidées avec humour par le Président de la FMC, Adrian Gebruers, on pouvait y apprécier des conférences ainsi que des conférences. Une salle de l'hôtel était réservée pour la vente de partitions, de CD et autres articles divers.

MUSIQUE AMÉRICAINE
Le thème du Congrès était Le carillon comme instrument de concert. Ce thème résonne de façon plus particulière aux Etats Unis où il y a de grands carillons situés dans des parcs ou des campus universitaires, alors qu'en Europe les concerts les jours de marché et les ritournelles automatiques sont plus répandus, mais offrent une dimension moins élevée à l'instrument. Les conférences des compositeurs Robert Byrnes, Gary White et celles concernant Ronald Barnes, Roy Hamlin Johnson et d'autres encore ont été d'un intérêt tout particulier pour nous. Leur motivation et leur manière de présenter, enrichie d'exemples visuels et auditifs de plusieurs récitals, donnaient une vision claire et intelligible de la musique américaine pour carillon, et permettaient également d'en augmenter l'appréciation.

Au moment où Percival Price tirait un trait sur les trémolos et la culture des chansons populaires de Jef Denyn, la musique américaine pour carillon a pris sa propre direction, en se basant plutôt sur des recherches harmoniques et des mélodies tranquilles dans les basses. Dans cette perspective, il faut absolument faire mention du nom d'Emilien Allard (Montréal). Ces dix dernières années 40 carillons ont été réalisés, dont les cinq plus grands du monde, et ce en harmonie avec les traditions musicales précitées. Aux Pays-Bas nous n'avons pas d'instruments qui puissent être comparés et décrire une telle atmosphère, nous nous en sentons presque jaloux!

Naturellement la littérature européenne pour carillon n'a pas été oubliée. Des conférences sur certains compositeurs belges (par Koen Cosaert), sur les développements néerlandais ces 30 années dernières (par Joost van Balkom) et sur l'ensemble de l'œuvre de Leen 't Hart (par Laura Meilink-Hoedemaker) formaient le contre-poids européen.

La façon d'attirer la population locale au carillon afin de créer un public, était le sujet développé par des représentants d'Australie, du Danemark, des Pays-Bas (Groningen, Venlo), du Portugal et de l'Amérique (Trinity College).

LES DÉVELOPPEMENTS DU CLAVIER
Beaucoup de temps était consacré au cours de conférences portant sur les développements de l'instrument, aussi bien en Amérique qu'en Europe. Après l'arrêt des recherches scientifiques afin d'améliorer l'ergonomie des claviers, une impulsion nouvelle vient d'Amérique.

Richard Strauss a développé et fait construire pour la compagnie Verdin, un clavier constituant un compromis entre les claviers Européens et Américains. Les mesures européennes ont été prises pour le manuel (les touches moins espacées) et les mesures ergonomiques américaines (concave et radial) pour le pédalier. Un clavier particulièrement agréable à jouer était placé en démonstration dans une pièce de l'Hilton afin d'être testé par les carillonneurs. Il s'agit probablement de la route à trouver vers un standard mondial.

FOUNDEURS DE CLOCHES
De nouvelles idées ont été présentées au cours des exposés de différents fondeurs de cloches. Je m'en souviens de plusieurs. L'utilisation de fibres de carbone pour les transmissions permet d'en diminuer le poids et d'en améliorer la résistance (Paccard); des réflexions sur le fait d'accorder et de réaccorder de vieux carillons, ainsi qu'une expérimentation concernant un carillon automatique où les cloches en tierce majeure et tierce mineure étaient combinées ingénieusement (Eijsbouts); les techniques de fonte améliorées avec une diminution des déchets provenant du moule, le fait de tourner celui-ci avant la fonte permettrait une plus grande homogénéité dans la structure métallique, spécialement à l'extérieur de la cloche (Olsen Nauen).

LA WALLONIE
La conférence de Serge Joris a permis à chacun d'ouvrir les yeux et de comprendre l'importance de la culture de cloches en Wallonie (B) aujourd'hui et par le passé. Avant la Révolution Française, des villes comme Tournai (5 carillons), Soignie, Liège (19 carillons), Mons avaient une culture campanaire que l'on peut comparer à celle que l'on retrouve en Flandres et aux Pays-Bas du nord.

Beaucoup de fondeurs importants ont travaillé en Wallonie. Malheureusement, une grande partie de ce patrimoine a disparu ou s'est appauvri. La Guilde wallonne se voit placée comme héritière de cette grande culture campanaire et essaie, en composant et publiant de grands inventaires, de susciter l'intérêt, et stimuler des restaurations. Dans tous les cas, il y a encore un riche patrimoine historique intact et inchangé à étudier.

CONCOURS DE CARILLON
A l'occasion du congrès de la FMC, un Concours International de Carillon a été organisé en plus du Festival International annuel de Carillon de Springfield. Ceci a eu pour conséquence que les congressistes ont pu apprécier de nombreux concerts de carillon. Ceux-ci étaient transportés par autobus (scolaires) du et au Washington Parc, où la tour avec le Carillon Mémorial Thomas Rees (Petit & Fritsen, 67 cloches, 1962) a été construite.

Malgré les qualités de ce carillon et les prestations différentes des carillonneurs, il se présente ici une des objections de ce congrès. Les carillons américains se trouvent souvent si loin les uns des autres que le fait d'impliquer plus d'un carillon engendre souvent d'importants problèmes de transport. Mais ce qui a été offert à Springfield était un peu trop.

Le jury du concours sera constitué de Jo Haazen, Karel Keldermans, Peter Langberg, Jacques Lannoy, en Gert Oldenbeuving. Il faut dire que la Hollande était bien représentée dans toutes les différentes catégories: le premier prix du concours a été gagné par Anne Kroezen (le deuxième prix a été attribué à Liesbeth Janssens). Le concert de festival de Roel Smit a fait une très bonne impression et le seul concert en duo a été donné par le Groninger Carillon Duo (Auke de Boer et Adolph Rots) le 4 juillet, a eu lieu un feu d'artifice à l'occasion de la fête nationale.

COULEURS LOCALES
Un bon congrès offre aussi une quantité de couleurs locales. Plusieurs fois invités par différentes instances de Springfield, les congressistes ont pu apprécier les différents repas offerts. Le programme du congrès ne comportait qu'une excursion qui n'avait pas de lien direct avec les cloches: la visite de la maison Dana-Thomas, une construction de 1904 réalisée par le célèbre architecte américain Frank Lloyd Wright.

LE CONGRÈS 2002
Le dernier soir lors du Banquet de clôture du Congrès, Adrian Gebruers a insisté sur le fait que la devise du congrès de la FMC à Cobh en 2002, serait amusement et qu'il ne faudra pas se limiter à l'écoute du seul carillon de l'Irlande. En tant que président et hôte futur, il a invité cordialement toute l'assemblée à y être présent.

 

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